La répartition en crise
Malgré la réforme Fillon de 2003, les régimes obligatoires assureront à l'avenir à peine la moitié des montants nécessaires pour maintenir à la retraite un niveau de vie comparable à celui des dernières années d'activité.
Laurence Allard le point 14/12/06 - N°1787
Les prévisions sont implacables et elles sont d'autant plus inquiétantes qu'elles minimisent la situation de nombreux salariés qui n'auront pas cotisé, pour une raison ou pour une autre, le nombre d'années suffisant pour prétendre à une retraite à taux plein.
D'après le Conseil d'orientation des retraites (COR), à taux de cotisations constants, un salarié non cadre qui part aujourd'hui à la retraite à l'âge de 65 ans après 40 années de cotisations perçoit 83,6 % de son dernier salaire, en 2020, il ne touchera plus que 76,8 % et en 2050, 73,5 %. Un pourcentage qui peut sembler important, sauf qu'une baisse de 10 % sur des salaires peu élevés peut faire la différence entre une « vie facile » et la « galère ». Pour un cadre, l'évolution est identique. Le taux de remplacement passe de 64,1 % à 56,7 % et 53,2 %.
Encore faut-il que le salarié ait cotisé le nombre de trimestres nécessaires (160 aujourd'hui et peut-être plus demain) ou que le départ à la retraite intervienne seulement à 65 ans. Or l'augmentation du nombre d'années d'études, la difficulté à trouver un premier emploi, la politique d'embauche menée par les entreprises à l'égard des seniors... font que l'on entre dans la vie active plus tard et qu'on en sort plus tôt. « Un nombre insuffisant de trimestres se traduit par un abattement (voir tableau ci-contre) de la pension servie tant du régime général que des régimes Agirc-Arrco », souligne Philippe Carré, spécialiste en droit de la retraite, professeur à l'Ecole centrale de Paris. Ainsi un cadre qui part à 60 ans, quel que soit son nombre de trimestres, perdra 22 % du montant de sa pension sa vie durant. Et c'est sans parler du sort de la femme divorcée qui, après une longue période d'inactivité, reprend un travail à 50 ans et plus. « La dimension retraite n'est jamais prise en compte dans le calcul de la prestation compensatoire », déplore Philippe Carré. Ou du cadre licencié avant 55 ans (voir encadré ci-dessus)
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