Les petits patrons aussi craignent la mondialisation
MARIE VISOT. FIGARO le 21 décembre 2006
Un sondage Fiducial-Ifop confirme l'inquiétude des Français, mais aussi des patrons, face à la mondialisation des échanges
SI LES FRANÇAIS mettent Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy au coude à coude pour l'élection présidentielle, quand les petits patrons ne jurent que par le président de l'UMP, il est en revanche un sujet sur lequel tout le monde est d'accord : la mondialisation est inquiétante C'est un des principaux enseignements d'une enquête Fiducial-Ifop que Le Figaro publie en avant-première, confirmant ainsi le résultat de plusieurs autres montrant l'aversion hexagonale pour le libéralisme.
Aujourd'hui, 74 % des Français se déclarent anxieux face à la mondialisation des échanges, alors qu'ils n'étaient « que » 64 % en 2002. Plus surprenant, les patrons de très petites entreprises (TPE) ne sont pas plus optimistes, 68 % d'entre eux se déclarant même inquiets, révèle l'enquête. Ni les uns ni les autres ne voient la forte croissance de pays comme l'Inde ou la Chine comme une opportunité de conquérir de nouveaux marchés. C'est surtout, à la fois pour les Français et les patrons, « une grave menace pour l'emploi en France ».
Contre les délocalisations
Du coup, tous sont enclins au protectionnisme. Quelque 90 % d'entre eux sont « favorables à obliger les entreprises qui délocalisent à rembourser les aides publiques touchées », plus de 8 sur 10 voudraient également mettre en place des taxes sur les produits venant des pays qui « pratiquent le dumping social, fiscal ou environnemental » et demandent un « renforcement des investissements de l'État sur les secteurs stratégiques » comme l'énergie et les grandes industries.
Les trois quarts des patrons de TPE comme des Français souhaitent enfin des politiques «protégeant les PME françaises d'éventuels rachats par des investisseurs étrangers qui rapatrient les marques, brevets et centres de décision à l'étranger ». Rien de mieux pour remettre au goût du jour le fameux « patriotisme économique » à la française ! Plus surprenant, 56 % des Français sont favorables à la suppression de l'ISF afin d'éviter les fuites de capitaux. « L'affaire de l'exil de Johnny Hallyday en Suisse a sans doute eu un impact important sur l'opinion ces derniers jours », précise l'Ifop. Reste qu'aujourd'hui, 70 % des Français (79 % des dirigeants de TPE) pensent qu'il vaut mieux créer son entreprise ou travailler à l'étranger pour gagner plus.
Des réformes, c'est donc ce qu'attendent les Français. Ils sont même persuadés qu'elles permettraient à leur pays de « rattraper le retard » pris par rapport à ses principaux concurrents. Et tous de citer comme priorité la baisse des impôts et des charges sociales pesant sur le travail. Un impératif qui arrive loin devant l'encouragement à travailler plus (13 % comme pour les patrons de TPE). « Nicolas Sarkozy fait l'unanimité pour améliorer la compétitivité économique de la France », indique Fiducial. Reste que même si 93 % des Français et 95 % des patrons souhaitent que l'élection apporte des changements, à peine plus d'un sur dix croit qu'ils se réaliseront...
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